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c'est tout moi
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  • la naissance et l'évolution d'un homo de province, ses espoirs, ses peines, ses amis, ses amours, ses plans cul, sa vie de PD bien remplit. Attention site réservé à un public avertit, interdit aux moins de 18 ans
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1 mars 2005

celui qui déchante

L'été 1990, l'été de tous les plaisirs, de tous les péchés, de tous les excès ; accompagné de Richard j'avais découvert le milieu du travail, j'avais pris une de mes premières méga cuites, j'avais été dépucelé, j'étais tombé amoureux. J'étais prêt à affronter le monde des grands. Et c'est durant cette dernière quinzaine d'août que je pu m'en rendre compte. De temps en temps j'abandonnais mon chéri pour passer une journée chez mes grands parents, histoire de faire quelques lessives et de raconter mon évolution dans mon job. Je suis arrivé le matin de bonne heure, j'ai fait deux machines, raconté ma vie, ou plutôt ma vie professionnelle et je me suis assoupi sur le canapé en velours beige. Oscar, mon chien venait me lécher le nez et me réveillait régulièrement, je rêvais de Richard, je rêvais de sa langue qui me léchait la bouche, mais je redescendais vite sur terre en voyant la truffe noire et humide de mon chien tout content de pouvoir partager quelques moments de joie avec son maître.

J'avais pu remarquer durant mes nombreux réveils que ma grand mère s'était absentée toute la matinée, je me demandais bien ce qu'elle pouvait fabriquer, elle devait me préparer une surprise ou être allé faire des courses au petit supermarché du quartier. Je me sentais bien, je me ressourçais dans cette maison qui était la mienne depuis tout petit, je me reconnaissais dans chaque pièce dans chaque objet. Tout avait été fait dans cette maison pour mon bien être d'enfant pourri gâté. Le chien se mit à aboyer et j'entendais qu'il faisait la fête, ça devait sûrement être ma grand mère qui revenait de je ne sais où. J'émergeais péniblement et me précipitais afin de l'embrasser. Elle faisait une drôle de tête, elle rentrait avec aucun paquet, que son sac à main dans lequel se trouvait son petit monde de vieille dame. Je la taquinais comme d'habitude, on plaisantait toujours, nous étions très proches, on parlait de tout, elle était très jeune dans sa tête. Nous pouvions engager n'importe quelle conversation sur n'importe quel sujet, aussi bien la musique, le dernier chanteur à la mode, qu'une série ou des trucs de jeunes. Elle était cool mais jamais je ne lui aurais parlé d'homosexualité, c'est trop dur comme sujet à aborder avec une femme qui ne te souhaite que du bonheur.

Mais je me rendais bien compte que ce jour là, le coeur n'y était pas, il y avait comme une ombre au tableau, nous nous sommes dirigés vers le salon, berceau de nos confidences et centre vivant de la demeure familiale. Je me suis remis assis dans le canapé, elle se tenait début dans l'entrebâillement de la double porte en verre opaque, elle avait les larmes aux yeux, je prenais peur, je sentais le malaise devenir de plus en plus pesant. Et ma chère grand mère m'annonça d'un ton sec et désespéré à la fois qu'elle revenait de chez le rhumatologue, qu'il y avait urgence, elle se plaignait depuis plusieurs mois d'une douleur aiguë à la hanche droite, le docteur venait de lui annoncer que ses os du bassin étaient rongés, poreux et qu'elle risquait une fracture d'un moment à l'autre. Sur le coup je me suis dis avec simplicité, elle va se faire opérer, mettre une prothèse à la hanche et la voila reparti de plus belle. Mais ces aveux ne se sont pas arrêtés là, elle m'annonça aussi que la fragilité de ses os était du à une maladie et qu'il fallait qu'elle se soigne. Mais malheureusement cette maladie s'appelait le cancer, le cancer des os et en 1990 nous avions peu de chance d'espérer une guérison.

Le monde s'écroula autour de nous deux en moins de quelques secondes, je voyais l'être le plus cher à mes yeux soumis à une épreuve terrible, celle de la maladie, mais je la connaissais, elle ne se laisserait pas faire, elle se bâterait pour vivre, pour me voir grandir, pour m'aimer le plus longtemps possible. Nous nous pausions une multitude de questions, les pourquoi, les comment, les parce que, les à causes, les t'aurais du, les qu'est ce qu'on va faire sortaient de la bouche de tout le monde ce midi là dans la petite cuisine autour de la table ronde où se trouvaient ma mère, Michel, mon grand père, ma grand mère et moi. Je me retrouvais du coté des grands, sans barrière, sans protection face à la dureté de la vie qui m'avait toujours été adoucie. Le voile se levait sur un monde sans pitié. Pourquoi nous faisait on subir ça?

Je repartais le soir même, je prenais l'autorail, j'étais dans une brume nostalgique, je repensais aux bons moments partagés avec elle, et je me disais, les yeux remplis de larmes que la vie ne me ferait pas de cadeau et que j'allais devoir supporter ces durs moments, que j'allais ressombrer dans une période sordide, que j'avais touché du bout des doigts le bonheur durant l'année passée aux cotés d'Eric, de Richard et qu'on m'affligeait là l'une des pires épreuve qu'une famille puisse subir. Je rejoignis Richard ce soir là et j'ai pleuré des heures et des heures en espérant au fond de moi que je chialais pour rien, qu'on me la rendrait, qu'on me la laisserait, que je pourrais la chérir et la voir vieillir, elle était si belle je ne voulais pas la voir flétrit par les traits de la maladie, je voulais que ses rides soient des rides creusées par nos éclats de rire, par son sourire. Je l'aime tellement!

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